Marketing

 

Comprendre les métiers du marketing (au-delà des titres LinkedIn qui brillent)

Entre les “Growth Ninja”, les “Brand Evangelists” et les “CMO 23 ans auto-proclamés”, on pourrait croire que les métiers du marketing sont une sorte de zoo de titres inventés pour impressionner les recruteurs. En réalité, derrière le jargon, il existe des familles de métiers très structurées, avec des responsabilités bien concrètes : comprendre le client, définir une offre, la faire connaître, et surtout… générer du chiffre d’affaires.

Voici un tour d’horizon pragmatique (et un peu sarcastique) des principaux métiers du marketing, pour comprendre qui fait quoi, qui décide, qui exécute, et qui passe son temps à expliquer que “non, ce n’est pas juste faire des posts sur Instagram”.


1. Marketing stratégique : ceux qui décident où va le bateau

1.1. Directeur / Directrice Marketing (CMO)

C’est le ou la chef d’orchestre. Son rôle :

  • définir la stratégie marketing globale,
  • choisir les marchés, les cibles, les priorités,
  • arbitrer les budgets (où on met l’argent, où on arrête les frais),
  • coordonner toutes les équipes marketing (digital, produit, communication, CRM, etc.).

En théorie, il/elle pense long terme, repositionnement, marque, rentabilité. En pratique, il/elle passe aussi beaucoup de temps à faire des slides pour la direction, à justifier les budgets et à gérer 50 priorités en même temps.

1.2. Responsable / Chef de projet marketing stratégique

C’est le “cerveau intermédiaire” qui transforme les grandes intentions en plans concrets :

  • analyses de marché,
  • segmentation des clients,
  • définition des offres et des positionnements,
  • roadmaps marketing (qui fait quoi, quand, sur quel canal).

Ici, on parle chiffres, études, concurrents, benchmarks, matrices. Beaucoup d’Excel, moins d’Instagram que ce qu’imaginent les parents.


2. Marketing produit (Product Marketing) : ceux qui connectent le produit et le marché

2.1. Chef de produit

Le chef de produit, c’est celui ou celle qui gère un produit (ou une gamme) de A à Z :

  • analyse le marché et les concurrents,
  • définit les arguments de vente, le positionnement, le prix,
  • travaille avec les équipes techniques / R&D,
  • briefe la communication, les commerciaux, le digital.

C’est une sorte d’interface permanente entre les clients, les commerciaux, les ingénieurs et la direction. En clair, tout le monde a un avis sur son produit, et lui/elle doit rendre tout ça cohérent.

2.2. Product Marketing Manager

Souvent proche du chef de produit, surtout dans le digital / SaaS. Il/elle se concentre sur :

  • le message du produit (storytelling, bénéfices, différenciation),
  • les campagnes de lancement,
  • la formation des équipes sales,
  • la création de supports (présentations, fiches, argumentaires).

Si le produit est bon mais mal expliqué, c’est pour lui/elle. Si le produit est moyen mais superbement vendu, souvent aussi.


3. Marketing digital : ceux qu’on accuse dès que les ventes baissent

3.1. Responsable / Chef de projet marketing digital

Il/elle pilote tout ce qui touche au numérique :

  • site web,
  • campagnes Google / réseaux sociaux,
  • emailing, automation,
  • mesure de la performance (trafic, leads, conversions).

En gros, si c’est sur un écran et que ça concerne le business, tôt ou tard ça tombe sur son bureau. On attend de lui/elle un super ROI… avec des budgets “test” et des deadlines d’hier.

3.2. Trafic manager, Responsable acquisition, Growth marketer

Ce sont les spécialistes de l’acquisition de clients :

  • gèrent les campagnes SEO/SEA (référencement naturel & payant),
  • optimisent les campagnes Meta Ads, LinkedIn, etc.,
  • font de l’A/B test sur les landing pages,
  • passent leur vie dans les dashboards, les CPC, les taux de conversion.

Le “Growth” est souvent le même métier avec un vernis plus start-up et parfois plus large (parcours, rétention, referral). Beaucoup de chiffres, beaucoup d’itérations, beaucoup de “on va tester”.

3.3. Social media manager / Community manager

Eux, tout le monde croit connaître leur métier (spoiler : non). Leur travail :

  • gérer les comptes de la marque (Instagram, TikTok, LinkedIn, etc.),
  • produire ou coordonner la création de contenus,
  • répondre aux messages, modérer les commentaires,
  • gérer les crises quand un post part de travers.

Ce n’est pas “juste poster des stories” : c’est aussi tenir une ligne éditoriale, suivre des indicateurs, et parfois expliquer pourquoi non, on ne va pas publier un meme douteux “parce que ça buzz”.


4. Contenu, storytelling & influence : ceux qui donnent une voix à la marque

4.1. Content manager, rédacteur, copywriter

Ils/elles s’occupent de tout ce qui est texte et contenu :

  • articles de blog,
  • pages web,
  • newsletters,
  • scripts de vidéos,
  • ebooks, livres blancs, brochures.

La différence entre “texte clair et convaincant” et “texte corporate illisible” se joue ici. Un bon content marketer sait écrire pour des humains… tout en gardant un œil sur SEO, conversion et image de marque.

4.2. Brand manager, responsable de marque

Le/la brand manager veille sur l’identité de la marque :

  • positionnement,
  • image,
  • ton,
  • cohérence de ce qui est diffusé (pub, site, packaging, réseaux…).

C’est un peu la police du “on ne fait pas n’importe quoi avec notre logo” et le gardien du “est-ce que ça ressemble encore à nous, ou à n’importe qui ?”.

4.3. Influence, partenariats, relations presse

Ici, on parle de toutes les personnes qui font le lien entre la marque et le monde extérieur :

  • Responsable influence : collabore avec des créateurs de contenu, influenceurs, ambassadeurs.
  • Attaché(e) de presse / RP : gère les relations avec les médias, prépare les communiqués, organise les interviews.
  • Responsable partenariats : bâtit des collaborations avec d’autres marques, événements, associations.

Ce sont les métiers qui essaient de faire parler de la marque sans que ce soit toujours l’entreprise qui parle d’elle-même.


5. CRM, fidélisation & data marketing : ceux qui travaillent avec les clients déjà là

5.1. Responsable CRM

Le/la responsable CRM n’est pas un simple gestionnaire de base mail. Son travail :

  • segmenter les clients (qui achète quoi, quand, à quel rythme),
  • piloter les campagnes d’emailing, SMS, push,
  • mettre en place des scénarios de relance, de fidélisation, de réactivation,
  • mesurer la valeur client (CLV, churn, etc.).

L’idée : faire vivre la relation, ne pas considérer le client comme une vente unique mais comme quelqu’un avec qui on construit une histoire (et du revenu récurrent).

5.2. Data analyst / marketing analyst

C’est la personne qui fait parler les chiffres :

  • analyse des campagnes,
  • tableaux de bord marketing,
  • suivi des KPI (acquisition, conversion, fidélité, rentabilité),
  • recommandations pour améliorer tout ça.

C’est aussi souvent la personne qui explique pour la centième fois que “non, un tableau de bord ne se crée pas magiquement en appuyant sur un bouton”.


6. Études, veille & expérience client : ceux qui posent des questions avant d’appuyer sur “lancer la campagne”

6.1. Chargé d’études / responsable études marketing

Il/elle s’occupe de comprendre le marché et les clients avant qu’on dépense trop d’argent dans la mauvaise direction :

  • sondages, enquêtes, focus groups,
  • analyses de comportements,
  • veille concurrentielle,
  • rapports qui résument tout ça en “voici ce que veulent vraiment nos clients”.

Ce sont les métiers qui posent des questions comme “Avons-nous vérifié que les gens veulent ce truc avant de lancer cette campagne à 100 000 € ?”.

6.2. UX researcher, spécialiste expérience client

Dans les environnements digitaux (sites, apps), ces métiers se concentrent sur :

  • observer comment les utilisateurs naviguent,
  • identifier ce qui bloque,
  • proposer des améliorations,
  • tester des versions différentes.

Leur mission : rendre l’expérience plus fluide, plus logique… et au passage plus rentable (moins d’abandons, plus d’achats).


7. Le mythe du “métier de rêve” en marketing vs la réalité

Quelques idées reçues bien ancrées :

  • “Le marketing, c’est être créatif.”
    Oui, mais c’est aussi des chiffres, des reporting, des arbitrages, des contraintes légales et des timings pas toujours poétiques.
  • “C’est un métier où on fait de la pub.”
    La pub, c’est une partie du marketing. Il y a aussi l’analyse, le positionnement, la tarification, le produit, la relation client…
  • “Avec les réseaux sociaux, tout le monde peut faire du marketing.”
    Tout le monde peut poster, oui. Faire une stratégie, mesurer, optimiser, tenir une marque dans le temps, c’est autre chose.

8. Comment choisir son métier dans le marketing ?

Plutôt que de se demander “Quel titre sonne bien sur LinkedIn ?”, la vraie question est :

“Qu’est-ce que j’aime faire concrètement dans tout ce bazar ?”

  • Vous aimez les chiffres, les dashboards, les tests A/B ? → Acquisition, data, CRM.
  • Vous aimez écrire, raconter des histoires ? → Contenu, brand, social media.
  • Vous aimez structurer, décider, orchestrer ? → Marketing stratégique, produit.
  • Vous aimez comprendre les gens, interroger, analyser ? → Études, expérience client.

Les métiers du marketing ne se résument pas à “faire de la pub” ou “poster sur Instagram”. Ce sont des rôles très variés qui ont un point commun : relier une offre et un public, de la façon la plus intelligente et rentable possible.

Une fois qu’on a compris ça, les titres fantaisistes deviennent juste ce qu’ils sont : du packaging. La vraie question, c’est ce que vous faites au quotidien pour que le marketing serve l’entreprise… et pas seulement son image.

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