Voici un guide complet mais digeste sur le statut d’auto-entrepreneur (micro-entrepreneur) en France, à jour des grands principes 2025.
1. C’est quoi exactement un auto-entrepreneur ?
“Auto-entrepreneur” = micro-entrepreneur : c’est le régime simplifié pour exercer une activité indépendante en ton nom propre.
Concrètement :
- Tu crées une entreprise individuelle avec un régime fiscal et social simplifié.
- Tu déclares ton chiffre d’affaires (CA) chaque mois ou trimestre.
- Tes charges sociales et, éventuellement, ton impôt sont calculés en pourcentage de ce CA, sans comptabilité compliquée.(entreprendre.service-public.gouv.fr)
On peut être auto-entrepreneur pour :
- Activité commerciale / artisanale (vente, e-commerce, travaux, etc.).
- Prestations de services (freelance, consultant, coach, etc.).
- Activité libérale (non réglementée ou certaines réglementées si les textes le permettent).
2. Les conditions pour bénéficier du régime
2.1. Être une personne physique
- Tu dois être majeur, ou mineur émancipé.
- Nationalité française ou étrangère avec titre de séjour autorisant l’activité indépendante.
Tu peux cumuler :
- Salariat + auto-entreprise,
- Chômage + auto-entreprise (avec règles spécifiques Pôle Emploi),
- Retraite + auto-entreprise, etc.
2.2. Respecter les plafonds de chiffre d’affaires
Pour rester au régime micro-entreprise (chiffres 2025) 🙁entreprendre.service-public.gouv.fr)
- Activités de vente de marchandises / hébergement (BIC)
→ Plafond : 188 700 € HT de CA annuel. - Prestations de services & professions libérales (BIC/BNC)
→ Plafond : 77 700 € HT de CA annuel.
En activité mixte (vente + services) :
- CA total ≤ 188 700 €,
- dont maximum 77 700 € pour la partie services.(economie.gouv.fr)
Le dépassement de ces seuils deux années de suite te fait sortir du régime micro pour passer au régime “réel”.(entreprendre.service-public.gouv.fr)
3. Les avantages du statut
- Création ultra simple et rapide
- Tout se fait en ligne (guichet unique).
- Pas de capital social, pas de statuts à rédiger.
- Charges sociales proportionnelles au CA
- Tu déclares ton CA à l’Urssaf (mensuel ou trimestriel).
- Les cotisations sont calculées automatiquement comme un pourcentage de ce CA (micro-social).(economie.gouv.fr)
- Pas de compta compliquée
- Pas de bilan comptable.
- Tu dois tenir un livre des recettes (et registre des achats si tu vends des biens).
- Franchise en base de TVA (sous conditions, voir §4)
- Tu ne factures pas de TVA tant que tu restes sous certains seuils → factures “TTC = HT”.
- Très bon statut pour se lancer ou tester un projet
- Side-business, lancement d’activité de service, e-commerce “test”, etc.
4. Les limites et inconvénients
- Plafond de CA
- Au-delà, tu changes de régime → plus de compta, déclaration de TVA, etc.
- Aucune déduction de charges réelles
- Tu cotises sur ton CA, pas sur ton bénéfice.
- Tu ne peux pas déduire ton loyer, ton carburant, ton matériel… C’est un forfait.(Autoentrepreneur URSSAF)
- Protection sociale correcte mais pas “premium”
- Tu es travailleur indépendant, avec droits maladie, retraite, maternité/paternité, mais pas d’assurance chômage automatique.
- Accès au financement parfois moins facile
- Aux yeux des banques ou bailleurs, micro-entreprise = activité “personnelle”, parfois moins rassurante qu’une société.
5. TVA et auto-entrepreneur
Par défaut, tu es en franchise en base de TVA :
- Tu ne factures pas de TVA.
- Tu ne récupères pas la TVA sur tes achats.
En 2025, la franchise s’applique si ton CA N-1 est inférieur ou égal à 🙁bpifrance-creation.fr)
- 85 000 € (seuil général) / 93 500 € (seuil majoré) pour vente / hébergement.
- 37 500 € (seuil général) / 41 250 € (seuil majoré) pour prestations de services / libérales.
Si tu dépasses les seuils majorés, tu deviens redevable de la TVA :
- Tu dois la facturer à tes clients,
- La déclarer et la reverser,
- Tu peux récupérer la TVA sur tes dépenses pro.
⚠️ C’est indépendant des plafonds de CA du régime micro :
- Tu peux rester auto-entrepreneur tout en étant assujetti à la TVA.
6. Cotisations sociales : comment tu es prélevé ?
Tu relèves du micro-social simplifié 🙁economie.gouv.fr)
- Tous les mois ou tous les trimestres (à choisir à la création), tu déclares ton CA sur autoentrepreneur.urssaf.fr.
- L’Urssaf calcule automatiquement tes cotisations comme un pourcentage fixe de ce CA (taux différent selon activité : commerce, artisanat, services, libérale).(Autoentrepreneur URSSAF)
- Ce pourcentage inclut : maladie, retraite de base, retraite complémentaire, CSG-CRDS, allocations familiales, etc.
À cela s’ajoute :
- Une petite contribution à la formation professionnelle (CFP), exprimée aussi en % du CA.(Autoentrepreneur URSSAF)
Si tu ne fais aucun CA, tu déclares 0, et tu paies 0 cotisation sociale (mais tu ne valides pas de droits).
7. Impôt sur le revenu : deux façons de payer
Tu es imposé au régime micro-fiscal :
7.1. Micro-BIC / micro-BNC “classique”
L’administration fiscale applique un abattement forfaitaire pour charges sur ton CA 🙁entreprendre.service-public.gouv.fr)
- 71 % pour vente / hébergement,
- 50 % pour prestations de services commerciales,
- 34 % pour activités libérales (micro-BNC),
avec un minimum d’abattement de 305 €.
Tu es ensuite imposé à l’IR sur le reste, selon ton barème perso (tous revenus confondus).
7.2. Option pour le prélèvement libératoire (si tu y as droit)
Sous conditions de revenus (revenu fiscal de référence sous certains seuils), tu peux opter pour le versement libératoire de l’impôt :
- Tu payes en même temps que tes cotisations sociales un pourcentage supplémentaire de ton CA (variable selon l’activité).
- En échange, tu n’ajoutes plus ce CA à tes autres revenus pour le calcul du barème de l’IR (tu le déclares encore à titre informatif, mais il est déjà “libéré”).
Intéressant si :
- Tu as un TMI assez élevé,
- Et un CA relativement stable.
8. Obligations au quotidien
- Déclarer ton chiffre d’affaires
- Mensuellement ou trimestriellement.
- Sur le site officiel autoentrepreneur.urssaf.fr.(bpifrance-creation.fr)
- Tenir un livre des recettes
- Chronologique, avec : date, client, référence facture, montant encaissé, mode de règlement.
- Registre des achats obligatoire si tu vends des biens.
- Émettre des factures conformes
- Mentions obligatoires : identité, SIRET, adresse, description de la prestation, prix, date, numéro de facture, etc.
- Mention “TVA non applicable, art. 293 B du CGI” si tu es en franchise de TVA.
- Compte bancaire dédié
- Obligatoire si ton CA dépasse un certain seuil (ou, par prudence, à ouvrir d’emblée un compte pro / perso dédié à l’activité).
- Cotisation Foncière des Entreprises (CFE)
- En principe due à partir de la 2ᵉ année d’activité (sauf exonérations locales/profil).
9. Comment créer concrètement une auto-entreprise ?
- Clarifier ton activité
- Commerce / service / libérale, code APE probable, localisation.
- Déposer ta déclaration de début d’activité
- Via le guichet unique en ligne (formalités des entreprises).
- Tu indiques :
- Identité, adresse,
- Activité, lieu d’exercice,
- Date de début,
- Périodicité de déclaration (mois ou trimestre),
- Choix éventuel pour le prélèvement libératoire.
- Réception de tes identifiants
- SIREN / SIRET, code APE, etc.
- Tu es alors officiellement micro-entrepreneur.
- Créer ton espace sur autoentrepreneur.urssaf.fr
- Pour déclarer ton CA et payer les cotisations.
- Éventuellement demander l’ACRE
- Aide à la création d’entreprise pour certains profils (chômeurs, jeunes, etc.) : réduction temporaire de cotisations.
10. Sortir du régime / fermer ton auto-entreprise
Tu peux :
- Cesser l’activité
- Déclaration de cessation en ligne → l’entreprise est radiée, tu as une dernière déclaration à faire.
- Changer de régime
- Volontairement (si tu veux passer en EI “classique”, EURL, SASU…)
- Ou automatiquement (si tu dépasses les plafonds 2 années de suite).
Sortir du micro, ça veut dire :
- Comptabilité plus lourde,
- TVA à gérer,
- Mais aussi possibilité de déduire tes charges réelles et d’organiser différemment ta rémunération.
11. Quand le statut d’auto-entrepreneur est vraiment adapté
En pratique, c’est un super outil pour :
- Tester une activité de service (consulting, coaching, rédaction, dev, etc.).
- Lancer un petit e-commerce ou une activité artisanale légère.
- Avoir un complément de revenu (en plus d’un CDI, de la retraite, des études…).
- Démarrer simple, puis basculer en société une fois que :
- Ton CA est stable,
- Tu as besoin d’investir, d’embaucher, d’optimiser ta fiscalité ou d’accueillir un associé.