1. Première question : tu veux créer quoi exactement ?
Avant de parler de statuts, tu dois clarifier :
- Tu es seul ou à plusieurs ?
- Seul : micro, EI, EURL, SASU…
- À plusieurs : SARL, SAS, société civile, etc.
- Type d’activité ?
- Commerciale (vente, e-commerce, services…)
- Artisanale
- Libérale (consultant, médecin, avocat, coach, etc.)
- Agricole
- Immobilier (location nue, meublée, marchand de biens, SCI…)
- Tes priorités :
- Simplicité / administratif ultra light ?
- Protection du patrimoine perso ?
- Optimisation fiscale ?
- Préparer une levée de fonds ou une grosse croissance ?
Garde ces trois points en tête en lisant la suite.
2. Créer une entreprise en ton nom propre
2.1. Micro-entrepreneur (ex auto-entrepreneur)
Pour qui ?
- Freelance, consultant, artisan, petit e-commerce, coach, etc.
- Chiffre d’affaires limité (plafonds spécifiques selon activité).
Avantages :
- Création en ligne ultra simple.
- Comptabilité minimaliste.
- Charges sociales calculées en pourcentage de ton CA encaissé.
- Idéal pour tester une activité, side business, débuter.
Inconvénients :
- Plafonds de CA → pas adapté à une grosse activité.
- Pas de déduction de charges réelles (loyer, matériel, etc.).
- Image parfois “petite structure” pour certains partenaires.
Quand c’est une bonne idée :
- Tu testes un marché, un concept, ou tu veux démarrer vite sans t’encombrer.
2.2. EI – Entreprise individuelle (nouvelle version “patrimoine professionnel”)
Pour qui ?
- Entrepreneur seul, qui veut rester en nom propre mais avec meilleure protection qu’avant.
Avantages :
- Création simple.
- Depuis la réforme récente, séparation entre patrimoine perso / pro (limite la saisie sur tes biens perso, sauf exceptions).
- Imposition à l’IR par défaut (BIC/BNC), possibilité d’opter pour l’IS dans certains cas (via EIRL avant, maintenant mécanismes spécifiques).
Inconvénients :
- Toujours moins flexible qu’une société pour accueillir des associés.
- Image “indépendant” vs vraie société, même si ce n’est pas toujours un problème.
Bonne idée si :
- Tu veux rester solo, avec une activité sérieuse et récurrente, mais sans te lancer tout de suite dans une structure de type SASU / EURL.
3. Créer une société unipersonnelle (tu es seul mais tu veux une “vraie” société)
3.1. EURL – SARL à associé unique
Forme :
- C’est une SARL, mais avec un seul associé.
Avantages :
- Cadre juridique très encadré, sécurisant.
- Tu es gérant majoritaire affilié au régime des indépendants (cotisations souvent moins élevées qu’en SASU pour une même rémunération).
- Possible de faire entrer d’autres associés plus tard → devient SARL.
Inconvénients :
- Régime social du gérant (TNS) moins “premium” que le régime assimilé salarié (SASU) mais moins coûteux.
- Moins souple que la SASU sur la rédaction et l’organisation.
3.2. SASU – SAS à associé unique
Forme :
- Une SAS mais avec un seul associé.
Avantages :
- Image très “pro” en B2B.
- Président = assimilé salarié → meilleure protection sociale (hors chômage) que le TNS.
- Hyper flexible : statuts sur-mesure, parfait si tu vises une croissance, des investisseurs plus tard, un associé futur.
Inconvénients :
- Charges sociales plus élevées sur la rémunération que pour un gérant TNS.
- Création plus complexe qu’une micro ou EI (statuts, dépôt de capital, etc.).
- Comptabilité de société : bilan, etc. → besoin quasi systématique d’un comptable.
Bonne idée si :
- Tu vises du sérieux, du B2B, de la croissance, éventuellement des associés / investisseurs plus tard, et que tu acceptes un peu plus de complexité.
4. Créer une société à plusieurs
4.1. SARL
Pour qui ?
- Projets familiaux ou entre associés stables.
- Activités commerciales / artisanales.
Caractéristiques :
- 2 à 100 associés.
- Gérant majoritaire = TNS ; gérant minoritaire ou égalitaire = assimilé salarié.
- Cadre légal très codifié : moins de souplesse, mais plus de sécurité.
Avantages :
- Bonne structure “classique” pour PME.
- Plutôt adaptée quand on ne veut pas trop jouer avec les statuts.
Inconvénients :
- Moins flexible qu’une SAS pour entrée/sortie d’associés, actions de préférence, levées de fonds…
4.2. SAS
Pour qui ?
- Start-up, projets avec investisseurs, associés multiples, besoin de pacte d’associés bien ficelé.
- B2B, tech, croissance, etc.
Caractéristiques :
- 2 associés ou plus, aucune limite en nombre.
- Président / dirigeants = assimilés salariés (sauf s’ils ne sont pas rémunérés).
- Statuts très souples (c’est l’énorme intérêt de la SAS).
Avantages :
- Facilite l’arrivée d’investisseurs (actions, BSPCE, etc.).
- Permet de définir précisément gouvernance, pouvoirs, conditions d’entrée / sortie.
- Image très pro et moderne.
Inconvénients :
- Rédaction de statuts et organisation à bien travailler (souvent avec avocat / expert-comptable).
- Coûts de fonctionnement plus élevés qu’une micro / EI.
5. Cas particuliers par type d’activité
5.1. Professions libérales
Tu peux exercer :
- En micro-BNC (version libérale de la micro),
- En entreprise individuelle,
- En SEL (société d’exercice libéral) dans certains cas (médecins, avocats, notaires, etc.),
- En SASU / EURL pour certaines professions non réglementées (coach, consultant…).
À vérifier : si ta profession est réglementée → ordre professionnel, règles spécifiques, parfois obligation de passer par une forme dédiée.
5.2. Immobilier
Plusieurs possibilités selon ton projet :
- Location nue en perso : simple, pas vraiment de “création d’entreprise” mais de la gestion privée.
- Location meublée : statut LMNP / LMP (avec règles fiscales spécifiques).
- SCI (Société Civile Immobilière) :
- Pour gérer un ou plusieurs biens entre associés (familial, patrimonial).
- Attention : ce n’est pas une structure commerciale, ce n’est pas pour faire de l’achat/revente en boucle.
- Société commerciale (SARL de famille, SAS, etc.) pour :
- Marchand de biens.
- Location meublée à grande échelle, coliving, etc.
Là, un passage chez un expert-comptable ou avocat fiscaliste est très utile pour ne pas se planter sur la fiscalité.
5.3. Associations, coopératives, structures “à mission”
Si ton projet est plus social, culturel, sportif, caritatif :
- Association loi 1901
- Pas d’objectif de partage des bénéfices.
- Tu peux avoir des salariés, des subventions, parfois même une activité économique.
- Parfait pour projets collectifs non lucratifs au départ.
- SCOP, SCIC, coopératives
- Entreprise à but lucratif mais gouvernance partagée, logique coopérative.
- Intéressant si tu veux mêler économie + projet social et impliquant fortement les salariés / sociétaires.
6. Les grandes étapes pour créer son entreprise en France
6.1. Définir le projet (VRAIMENT)
- Ce que tu vends, à qui, comment.
- Modèle économique (revenu récurrent, prestation, abonnement, e-commerce, etc.).
- Besoin de financement (banque, love money, investisseurs, rien au début).
6.2. Choisir le bon statut
Tu peux te faire une grille rapide :
- Je suis seul / à plusieurs ?
- Je veux quelque chose de simple → micro / EI / EURL.
- Je veux accueillir des associés / investisseurs → SASU / SAS.
- Je veux cotisations sociales moins élevées et j’accepte un régime TNS → EURL / SARL.
- Je veux un truc ultra light pour tester → micro.
6.3. Rédaction des statuts (si société)
Pour EURL / SARL / SASU / SAS / SCI, etc. :
- Rédiger les statuts (tu peux commencer avec des modèles, mais idéalement les faire valider par un expert).
- Définir :
- Objet social
- Siège social
- Répartition du capital
- Pouvoirs du dirigeant
- Entrée / sortie des associés
- Modalités de décision (AG, etc.)
6.4. Dépôt du capital
- Ouverture d’un compte professionnel / compte de société.
- Dépôt du capital social (souvent à partir de 1 €, mais mieux de mettre un minimum crédible).
- Récupération de l’attestation de dépôt.
6.5. Formalités en ligne
Aujourd’hui, tout se fait via le guichet unique (formalités des entreprises) :
- Déclaration de création, choix des options fiscales, etc.
- Transmission au greffe, INSEE, Urssaf, etc.
→ Tu reçois ensuite : - Ton Kbis (pour les sociétés) ou ton immatriculation (pour EI, micro),
- Ton SIREN / SIRET, code APE, etc.
7. Comment choisir concrètement entre toutes ces solutions ?
Scénario 1 : “Je veux tester mon activité de service / freelance”
- Commencer en micro-entreprise pour tester le marché.
- Si ça décolle, basculer ensuite en SASU ou EURL selon tes préférences sociales / fiscales.
Scénario 2 : “On est deux ou trois, projet sérieux mais pas start-up”
- SARL si vous voulez un cadre clair et classique.
- SAS si vous voulez plus de flexibilité (et éventuellement attirer un investisseur).
Scénario 3 : “Je veux monter une vraie boîte scalable / levée de fonds possible”
- Directement SASU (si tu es seul) ou SAS à plusieurs.
- Pacte d’associés à prévoir très tôt.
Scénario 4 : “Projet à but non lucratif ou très social”
- Association loi 1901 pour commencer.
- Éventuellement, création plus tard d’une société commerciale à côté pour gérer une activité économique spécifique.
8. Faut-il forcément un expert-comptable ou un avocat ?
- Micro / EI simple : tu peux démarrer seul, mais un rendez-vous ponctuel avec un expert-comptable peut éviter des erreurs de base (TVA, plafonds, retraite, etc.).
- EURL / SASU / sociétés à plusieurs : très fortement conseillé de te faire accompagner, au moins pour :
- Les statuts,
- Le choix IR / IS,
- Les premières déclarations.
Considère ça comme un investissement pour éviter des emmerdes costoso plus tard (associés fâchés, fiscalité ratée, problèmes URSSAF…).